Société
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Les journaux camerounais parus mercredi se sont appesantis sur l’état des médias à capitaux privés et la condition de ceux qui les animent, à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de presse célébrée le même jour.
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Le bihebdomadaire Repères, sans fioritures, dresse un «tableau apocalyptique de la profession de journaliste», qui s'assombrit davantage avec des contrats de travail pour la plupart des cas inexistants, entre l'entreprise de presse et le journaliste, le manque de couverture sociale, et tout récemment la difficulté d'obtention de la carte de presse.
«Conséquence, le journaliste est placé dans une situation de vulnérabilité et d'instabilité chronique, rendant plus que subjectives ses performances, son éthique et sa déontologie. Il devient ainsi dépendant soit des pourvoyeurs de fonds, des donneurs d'ordres divers, soit à la solde de puissants lobbies en quête de positionnement.»
Un autre point, non négligeable sur «la condition pathétique» du journaliste, c'est la problématique actuelle de la loi anti-terroriste de 2015, qui rend encore plus délicate le traitement de l'information liée aux faits de terrorisme, face à la protection des sources et la dénonciation des actes jugés de terrorisme.
«Loi antiterroriste, précarité économique, sanctions… : la presse en danger», renchérit Le Jour qui, dans un dossier spécial passe en revue des différentes entraves à l’exercice du journalisme dans le pays.
Pour l’hebdomadaire Intégration, un seul mot suffit pour qualifier la situation actuelle : l’étranglement avec, entre autres, des conditions économiques déplorables, une instrumentalisation gouvernementale à outrance des médias à capitaux privés, un accès aux sources d’information toujours un peu plus verrouillé.
Son confrère Signature, de son côté, décrit une «presse locale paupérisée, misérable et corvéable à souhait» alors que les médias occidentaux, qui par ailleurs ne manquent pas une seule occasion pour tirer à boulets rouges sur le régime de Yaoundé, empochent de confortables recettes pour chacune des factures à toutes les occasions où ils sont accrédités pour couvrir les grands événements qui ont lieu au Cameroun, alors même que l’ensemble de l’aide publique annuelle à la presse privée s’élève à 250 millions FCFA.
«Décrépitude : la presse se meurt», souffle Le Quotidien de l’Économie : étranglées par l’amenuisement des recettes publicitaires, la mauvaise distribution, les factures impayées par l’État, les entreprises de presse du pays traversent une conjoncture économique particulièrement difficile résumée dans un mémorandum de la Fédération des éditeurs (FEDIPRESSE), que publie intégralement ce document. La liberté de la presse est «une réalité», souligne pour sa part le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune : «Hormis quelques égarements, la presse camerounaise soutient en général les efforts de promotion de l’unité nationale.» Reprenant à son compte une longue déclaration du ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, et ’agissant de l’une des composantes essentielles qui réside dans le pluralisme médiatique, la publication fait état de statistiques sans équivoque : plus de 600 titres dans la presse écrite, au moins 200 stations de radiodiffusion sonore, plus d’une trentaine de chaînes de télévision.
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