Politique
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Vive tension entre Ping et Bongo. Les Gabonais retiennent leur souffle et craignent un basculement d’un pays, sur le fil du rasoir depuis le début du processus électoral sur fond d’une campagne marquée par des injures, des invectives.
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Trois (03) jours après le scrutin présidentiel du samedi 27 août 2016, le Gabon vit des lendemains sous haute tension, alors que les regards sont fixés sur la Cité de la démocratie où loge la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) qui devait donner les résultats provisoires d’ici le soir de ce mardi.
Mais en attendant, les deux grands favoris de cette présidentielle revendiquent la victoire. A son quartier général, lors d’une conférence de presse, Jean Ping, candidat de l’alternance, un ancien cacique d’Omar Bongo Odimba qui veut casser Ali (Bongo junior), se déclare vainqueur du scrutin: "Je suis l’élu. Au moment où je m’exprime devant vous, les tendances générales nous donnent vainqueur ", a-t-il déclaré dimanche dernier dans l’après-midi, à Libreville, alors que la centralisation des résultats des urnes se poursuivait et que les résultats officiels sont attendus ce mardi à 17 heures.
Se basant sur les chiffres d’environ la moitié des bureaux recueillis dont l’opposition détiendrait les procès-verbaux, le camp Ping pouvait se tabler sur une avance " claire et évidente ". Dans la peau du président " élu " d’avant l’annonce des résultats officiels par la Commission électorale, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, veut éviter toute chasse aux sorcières. "Comme vous le savez, ce jour est historique pour notre pays.
En dépit des nombreuses irrégularités, enregistrées ici et là, vous avez su déjouer les pièges de la fraude congénitale de ce régime que nous accompagnons enfin dignement vers la sortie... Je serai le président de toutes les Gabonaises et de tous les Gabonais. Dans quelques heures, dans quelques jours, nous serons enfin libres ", a-t-il indiqué avant d’appeler le président- candidat, son principal challenger ABO au fair-play en reconnaissant sa défaite.
Pierre-Claver Maganga Moussavou, 64 ans, l’opposant historique au régime de Libreville depuis les années 1990, qui a décidé faire cavalier seul dans la course, a lui aussi reconnu et salué la "victoire annoncée " de Ping.
En face de Ping, on parle de la tendance inverse. Alain-Claude Billie By Nzea, porte-parole d’ABO (Ali Bongo Ondimba), sans toutefois donner aucun chiffre, a laissé entendre que son candidat possédait une avance " qui ne pouvait plus être inversée ". Il accuse Jean Ping et ses soutiens de l’opposition non seulement de verser dangereusement dans la manipulation des résultats et de préparer la contestation électorale, mais aussi d’avoir tenté, par des moyens détournés et illégaux, de s’autoproclamer vainqueur d’une " élection qu’il sait avoir perdue ". Du coup, le gouvernement brandit à l’opposition une mise en garde sévère.
Le camp Bongo, lui, dit attendre " sereinement" le verdict de la Cenap." Mes chers compatriotes, je suis seulement venu vous dire combien j’étais heureux d’avoir pu échanger avec vous au cours de cette campagne. Merci pour le soutien que vous m’avez apporté. Nous avons fait une très belle campagne. Pour l’heure, mes chers compatriotes, nous sommes légalistes et nous sommes républicains; donc nous attendons sereinement que la Cénap annonce les résultats de l’élection ", a déclaré Ali Bongo Ondimba devant ses partisans, quelques heures après l’annonce faite par Jean Ping.
Dans ce bras de fer qui oppose Ping et Bongo, le Parti socialiste français, dans un communiqué laconique, " espère que la démocratie l’emportera ". " Le Parti socialiste sera d’une extrême vigilance sur les résultats de l’élection présidentielle au Gabon. Alors que les premières estimations indiquent que le Président sortant Ali Bongo serait battu au profit de Jean Ping, la sérénité doit présider à l’issue du scrutin. Le vote libre des citoyens est l’outil par lequel la démocratie s’exprime, et l’alternance, quand ils le décident, doit fonctionner. Voilà pourquoi la démocratie doit triompher au Gabon, comme c’est déjà le cas dans plusieurs états et ce mouvement doit s’amplifier.Voilà plus d’un demi-siècle que la famille Bongo gouverne le Gabon. Une alternance serait signe de bonne santé démocratique et un exemple ", écrit-il.
La France est-elle en train de lâcher la dynastie Bongo qui règne sur le Gabon depuis 1967 ? Il nous souvient que tout récemment, le Premier français, Manuel Valls avait clairement dénoncé la légitimité d’ABO, estimant que ce dernier n’avait pas été élu en 2009, avant de se raviser. Omar Bongo Ondimba, de son vivant, était le grand le maître de la Françafrique, et représentait les intérêts de la France. A sa mort en juin 2009, la métropole a tenté tout pour faire passer son fils dont l’authenticité de l’acte de naissance fait polémique.
Que va-t-il se passer ce soir à la Cité de la démocratie ? Qui des deux candidats favoris qui revendiquent la victoire sera proclamé le nouveau locataire de la Marina ? S’il arrivait que la Cenap donne Ping vainqueur, Bongo fils va-t-il facilement reconnaître sa défaite ? Il peut toutefois compter sur la force armée et les institutions acquises à sa cause pour forcer le passage. Il n’est pas aussi exclu que les deux camps mettent à profit leurs réseaux et engagent un véritable rapport de force.
De l’avis de certains observateurs, la défaite d’Ali Bongo Ondimba fera tâche d’huile sur le continent et constituera un message fort pour les fils à papa du Togo et de la RDC. Mais pour le moment, on croise les doigts jusqu’à ce soir pour les résultats officiels.
PCK-L'Alternative
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