Société
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Très peu de journaux camerounais, parus mardi, ont échappé à la tentation du bilan de la célébration, à travers le pays, la veille, des 35 ans de pouvoir de Paul Biya à la magistrature suprême.
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Sans rentrer dans le détail des manifestations folkloriques ainsi organisées, Le Quotidien de l’Économie consacre un dossier spécial au «Cameroun de Paul Biya vu par le monde», un prétexte pour revisiter les indices de référence internationale en ce qui concerne notamment le volume du produit intérieur brut (PIB), les investissements directs étrangers, le climat des affaires, l’espérance de vie, la gouvernance publique ainsi que l’état des libertés.
Et le moins qu’on puisse penser, en parcourant ce kaléidoscope appuyé par des analyses de spécialistes, est que le pays de Paul Biya, tel que présenté dans les différents baromètres dressés par des organismes réputés indépendants, n’est pas des plus flatteurs.
Le Jour, sous le titre «Paul Biya fait son bilan», n’a pas attendu d’interroger les indices internationaux de perception pour mettre le doigt là où ça fait mal : inertie, corruption, bureaucratie, déni de démocratie sont aujourd’hui les «vertus» qui caractérisent le mieux le régime de Yaoundé.
N’empêche, rétorque le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, l’An 35 du Renouveau: aura été un véritable «hymne à la paix et à l’unité» et une occasion, pour les Camerounais de tous les horizons, de réaffirmer leur volonté de vivre ensemble en dépit d’actes malheureux, tels que les revendications sécessionnistes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, perpétrés «par quelques esprits malveillants».
«Joyeux anniversaire, Monsieur le Président !», raille The Guardian Post qui, sur fond rouge interroge ainsi le concerné : ne pensez-vous pas que 35 ans de pouvoir ça suffit ?
Et la preuve justement que ça ne suffit pas, rétorque InfoMatin, c’est que le département du Mfoundi, qui abrite le siège des institutions à Yaoundé, a profité de l’occasion pour entamer la campagne électorale pour la présidentielle de l’année prochaine en faveur du président-candidat non encore déclaré.
«Ce 6 novembre, la marque de fidélité qui lie le président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), et par ailleurs chef de l’État, à la cité capitale aura encore été magnifiée. Il faut souligner que depuis plus d’un an déjà, des élites du Mfoundi multiplient des concertations avec pour objectif : le plébiscite du département pour Paul Biya en 2018.»
Ce président-là n’est pas seulement décidé à demeurer ; il coûte aussi cher au contribuable, s’indigne Emergence qui a parcouru le projet de budget de l’Etat pour 2018, dans lequel la présidence de la République va s’octroyer près de 38 milliards FCFA sur un montant total de 4513 milliards FCFA.
Le budget de fonctionnement de la présidence baisse certes de quelques petits milliards, constate la publication, mais elle coûtera 730 millions FCFA par semaine au contribuable, dans un pays qui doit se serrer la ceinture face au marasme ambiant.
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