Société
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Les journaux camerounais parus ce mercredi s’intéressent particulièrement à la rentrée scolaire de lundi prochain dont le succès devrait, selon les publications, dépendre de la capacité du gouvernement à relever le défi politique qui lui est lancé dans un contexte de crise anglophone aiguë.
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Les leaders du consortium de la société civile anglophone, embastillés depuis le 18 janvier 2017 à la prison centrale de Yaoundé, la capitale, sauront ce jour si le gouvernement est réellement engagé dans la voie de l’apaisement, seule condition pour une rentrée scolaire sereine dans le chaudron contestataire du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, souligne Émergence.
Le juge du tribunal de première instance de la ville doit en effet, explique la publication, se prononcer sur la demande de mise en liberté provisoire introduite par les avocats de Félix Nkongho Agbor et Fontem Neba. Il s’agit de deux des meneurs de la fronde poursuivis pour hostilité contre la patrie, outrage aux corps constitués et aux fonctionnaires, rébellion, dégradation des biens publics, pillage en bande, coaction des actes de terrorisme, sécession, révolution, insurrection, excitation à la guerre civile, et propagation de fausses nouvelles.
Et c’est sans doute à ce niveau que se jouera le sort de milliers d’élèves de ces régions qui viennent de connaître une année scolaire chaotique.
Dans leur combat pour la liberté, indique Mutations, ces leaders ont trouvé des avocats inespérés dans les rangs même du pouvoir de Yaoundé qui, selon Mutations, pensent que le retour à la paix, et donc à l’école, passe nécessairement par un élargissement des membres du consortium, par ailleurs principaux interlocuteurs du gouvernement dans la crise anglophone.
Cette rentrée 2017/2018 se fera de toutes façons «en rangs serrés», indique le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui, rapportant les propos tenus la veille par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, parle d’assurances données par le gouvernement : des dispositions sont prises pour une reprise sereine lundi prochain.
«Et dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest particulièrement, élites extérieures et intérieures, de même que toutes les forces vives, jouent leur partition pour que le rendez-vous du 4 septembre soit une réussite.»
Pour être plus précis, InfoMatin, reprenant à son compte les propos du même porte-parole du gouvernement, écrit que les apprenants bénéficieront d’une sécurité assurée de mains de maître par des forces de sécurité nationales, et «tous ceux qui vont se mettre en marge de la Constitution seront traqués par les forces de maintien de l’ordre».
En réalité, renchérit Le Messager, le président Biya est déterminé à éviter une année scolaire blanche dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, à travers une opération spéciale de sécurisation desdites régions qui se traduit par l’arrivée de 400 autres gendarmes sur le terrain.
Décidément l’Etat manipule le bâton et la carotte, constate Le Jour. En effet, souligne-t-il, les pouvoirs publics, en même temps qu’ils veulent faire preuve de fermeté vis-à-vis des fauteurs de trouble ayant décrété «rentrée morte» en zone anglophone, ont décidé de faire subir des cours de «rattrapage spécial» aux élèves du secondaire, victimes des perturbations de l’année écoulée.
Pour finir de mettre tout le monde d’accord, Le Rural Info, qui se fonde sur un sondage réalisé par une ONG locale, pense que le fédéralisme semble être, pour plus de 50% des citoyens, «le meilleur système de gouvernement au Cameroun».
Ce résultat démontre à suffisance le niveau de déception de la population camerounaise en ce qui concerne la gestion de l’État, une gestion calamiteuse du bien public qui fait que, à un moment donné, le président Biya doit choisir clairement entre une véritable décentralisation et un pouvoir central omnipotent et prédateur.
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