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Île Maurice Après 46 ans d'indépendance, Maurice cherche à réinventer son succès économique


Economie et finances

Xinhuanet | | Commenter |Imprimer

L'île Maurice a fêté ses 46 ans d'indépendance mercredi sous le signe d'un succès économique qui en fait en modèle en Afrique. Pourtant, cette réussite commence à s'essouffler, nécessitant de grandes mutations dictées souvent par des facteurs exogènes.

Le Premier ministre Navin Ramgoolam n'a pas manqué d'en faire mention lors de son discours à la Nation mercredi à cette occasion.

Il y a 46 ans quand l'île du sud-ouest de l'océan Indien s' affranchissait du joug colonial britannique, peu de spécialistes auraient prédit un avenir aussi brillant.

Ainsi l'économiste britannique James Meade, prix Nobel en 1977, estimait en 1961 que "les perspectives de développement paisible ne sont pas bonnes" à cause d'une forte densité de population, de la dépendance à une seule industrie (la canne à sucre) et des conflits ethniques au sein de la population. Un avis que partagea un autre prix Nobel, l'écrivain V.S.Naipaul.

La première décennie post-indépendance allait effectivement leur donner raison. La monoculture de la canne couplée à la première crise pétrolière du début des années 70 et à un régime politique miné par la corruption et le favoritisme allait mettre le pays à genoux. A tel point que le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale viennent à la rescousse avec des pilules très amères.

Toutefois, quelques tentatives de diversification ont été lancées, notamment dans le tourisme et l'industrie textile. Mais il faudrait l'arrivée d'un nouveau gouvernement avec à la tête l' avocat Aneerood Jugnauth pour véritablement mettre le pays sur les rails d'un développement économique qui allait le faire sortir de l'état de sous-développement.

De 1982 à 1995, le pays connaît une prospérité sans précédent grâce à la multiplication des hôtels, des usines de textile, de l' émergence du secteur offshore et d'une rationalisation de la production sucrière. La stabilité politique, une main d'oeuvre bon marché et un niveau d'éducation élevé de la population, aidèrent à attirer les investisseurs étrangers.

Mais le gouvernement Jugnauth, gagné par l'usure, perd le pouvoir aux élections de 1995. Le premier gouvernement de Navin Ramgoolam ne sait pas garder le même cap. Les inégalités sociales sont exacerbées, débouchant sur les terribles émeutes de 1999. D' autres nuages arrivent avec l'annonce de la fin prochaine des accords de Lomé concernant l'accès du sucre de pays ACP (Afrique Caraïbes Pacifique) sur le marché européen.

Le retour de l'ancien Premier ministre Jugnauth au pouvoir en 2000 s'accompagne de mesures courageuses avec une réorientation du secteur de la canne à sucre en une industrie cannière. Elle comprend, aujourd'hui, plusieurs créneaux, notamment la production d'énergie à partir de la bagasse et la filière éthanol, en sus des autres dérivés exploités comme la mélasse et la vinasse.

Le tourisme connaît un nouveau souffle avec un parc hôtelier en constante hausse et l'émergence de l'île Maurice comme une destination haut de gamme, avec en parallèle le développement du secteur des services et de loisirs, le tout couronné par un secteur immobilier destiné à une clientèle étrangère : les fameux IRS et RES.

D'autre part les services financiers aidés par l'avancée technologique dans les télécommunications permirent l'expansion du système bancaire et des assurances.

Dans le même souffle, l'offshore et le port franc se consolide, alors que l'ICT-BPO est en passe de devenir le troisième pilier de l'économie.

Maurice a négocié avec succès divers accords économiques pour assurer la survie de différents secteurs. Le pays a pu limiter les dégâts causés par les pertes successives de l'accès préférentiel de son sucre et de ses produits textiles aux marchés occidentaux. Une diplomatie efficace a également contribué au maintien des marchés.

Le changement de gouvernement en 2005 avec le retour de Navin Ramgoolam n'allait cette fois pas changer le cours des choses.

Fort de sa première expérience maladroite, il s'entoure de Rama Sithanen, ancien ministre des Finances de Sir Aneerod Jugnauth, devenu entretemps président de la République, pour continuer le progrès enclenché.

Les réformes de Rama Sithanen ont permis notamment au pays de montrer une résilience exemplaire face à la crise financière de 2008.

Il a aussi consolidé les secteurs financiers et des TIC ( Technologies de l'information et de la communication) et ouvert des chantiers pour le développement du secteur de la pêche en une industrie professionnelle connue sous l'appellation "seafood hub".

Mais aujourd'hui, les recettes des succès précédents commencent à s'essouffler. Les protections commerciales disparaissent peu à peu, tandis que les avantages de la main-d'oeuvre à bon marché se sont longtemps épuisés.

Le modèle de croissance mauricien cherche maintenant de nouveaux vecteurs de compétitivité, soit une bonne dose de productivité et d'innovation.

C'est ainsi que les récents discours budgétaires et celui du Premier ministre fait mercredi montrent la volonté du gouvernement reconduit en 2010 de réussir cette transformation à travers d'une économie de la connaissance, "knowledge-based economy".

Les bases ont déjà été jetées avant même l'indépendance avec la création de l'Université de Maurice en 1965-1970, de l' introduction de l'éducation gratuite et l'institution de plusieurs collèges techniques dès les années 1970.

L'implantation de nouvelles universités, locales et étrangères à Maurice suit désormais l'objectif d'attirer jusqu'à 100.000 étudiants étrangers sur l'île d'ici à l'an 2020. Le gouvernement veut également au moins un diplômé universitaire pour chaque famille mauricienne.

D'autre part, le gouvernement veut devenir un "hub aéronautique " dans la région et l'agrandissement de l'aéroport avec l'aide de la Chine entre dans ce cadre.

Les autorités veulent mettre sur pied un centre de formation technique pour l'entretien des avions, de même qu'un centre régional d'entretien des appareils. Les facilités du port franc seront étendues à l'aéroport.

Ce projet-cadre parfaitement avec l'évolution du secteur manufacturier vers la fabrication de haute technologie et l' émergence du secteur de l'ingénierie légère.

Depuis janvier 2013, un statut "port franc" est accordé à toute entreprise manufacturière qui exporte principalement vers la région.

Du côté de la mer, outre le développement du "Seafood hub", il est question d'un "Marine Services Hub" qui entraînera dans son sillage la libéralisation des services d'entreposage.

Il est estimé que la demande dans la région atteindra près de 8, 6 millions de tonnes, alors que Maurice est jusqu'ici concerné par seulement 300.000 tonnes. Un développement qui influera positivement sur d'autres activités comme l'entretien des navires.

Dans le même souffle, un "parc de logistique" sera aménagé à la zone économique de Jin Fei au nord de Port-Louis, sur 65 hectares.

Par ailleurs, Maurice se réclame désormais comme un Etat-océan avec la revendication d'une zone maritime exclusive d'environ 2,3 millions de km2, y compris les 400.000 kms d'espace marine cogérée avec les Seychelles.

Outre la pêche, l'exploration pétrolière et minière est aussi à l'ordre du jour. L'utilisation d'eau de mer profonde est propice à plusieurs usages, de la climatisation à l'aquaculture, en passant par la biotechnologie et l'industrie pharmaceutique. La culture des algues fait aussi partie des projets, tout comme la culture de perles.

Enfin, Maurice compte bien renforcer ses liens économiques avec le continent africain. Ainsi Maurice a créé un fonds spécial, le Mauritius-Africa Fund, pour permettre à l'État d'être un partenaire en affaires avec des éventuels entrepreneurs locaux lorgnant les rives africaines. Le Mauritius-Africa Fund jouera aussi le rôle d'un consultant, en offrant ses services payants aux pays de la région dans les domaines où nous avons acquis une certaine expertise. Fin



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